Un samedi tranquille au Salève..
Ce samedi 10 avril (jour de mon anniversaire !…) avait lieu la course de l’Ultra Montée du Salève, à Etrembierres (74). Le principe de cette compétition, dont c’était la première édition, était assez original : il s’agissait d’effectuer en courant (ou en marchant) le plus de montées possible en 6 heures, sachant que les descentes se faisaient en téléphérique.
Habitant au pied du Salève et à 10 minutes en vélo du lieu de départ, j’ai décidé fin décembre de m’y inscrire, d’autant plus que je connais cette montée vraiment par cœur, m’y entraînant régulièrement durant l’été.
Sortant d’un très bon hiver où j’ai fait beaucoup de dénivelé positif en ski de rando, j’avais ainsi une bonne caisse pour supporter une telle épreuve et pouvais envisager la course avec pas mal d’optimisme et d’ambition. Néanmoins les 3 dernières semaines précédant cette UMS je n’avais quasiment rien fait en entraînement à cause d’un mal de dos assez gênant.
Bref, en ce 10 avril je me réveille du bon pied après une excellente nuit (la journée commence bien !) en jetant un coup d’œil sur le Salève depuis mon balcon : Salève, aujourd’hui j’ai décidé de te défier ! Un coup de téléphone de la part de mon pote Fabien Hobléa (qui sortait d’un stage de préparation avec l’équipe de France de 24h de course à pied) qui me souhaite bonne chance et un autre de mon petit neveu Mathias (« bon anniversaire tonton Juju ! ») me donnent la gnac suffisante pour la course : j’ai vraiment envie de faire un bon truc. 8h45 : je pars de chez moi à vélo histoire de m’échauffer tranquillement, j’aurais même pu y aller à pied.. arrivé sur place je retrouve avec plaisir Grégoire Millet, puis « Bam » Mayol ainsi que Xav Pereard qui participent eux aussi à cette UMS. Trente minutes avant la course je croise Pierre Chauvet (membre de l’équipe de France de ski de fond et vainqueur du kilomètre vertical de la Fouly devant un certain Kilian Jornet) un champion très sympa avec qui j’échange mes impressions d’avant course mais également des astuces d’entraînement. Il n’a pas l’air particulièrement stressé, tandis que le speaker ne manque pas de l’annoncer comme le grand favori de l’épreuve, ce que je crois bien volontiers car il a l’air sacrément affûté et en forme. Enfin je retrouve avec grand plaisir mon pote Olivier Morin (que je n’ai pas revu depuis les Aiguilles Rouges en septembre dernier) qui pour moi est LE favori de cette course (de plus il a remporté un trail 3 semaines plus tôt), malgré un plateau très relevé (dont Karine Herry parmi les féminines). Nous nous échauffons ainsi ensembles sur le parking du téléphérique ; je lui demande combien de montées il espère effectuer et me dit qu’il n’en n’a pas la moindre idée et qu’il va y aller au feeling…pire, il ne connaît pas du tout le parcours (contrairement à moi, le local de l’épreuve !) je lui indique alors qu’il faut environ 30 minutes pour la faire, mais en y allant à fond.
9h55 : après le briefing d’avant course, je me place sur la ligne de départ tout devant aux côtés d’Olive et Pierrot Chauvet. Mon objectif est donc le suivant : les suivre le plus longtemps possible, quoiqu’il arrive ! Je sais que si j’y parviens, il y a de fortes chances que je finisse très bien classé (pour ma part une place dans les 5 premiers me satisferait amplement).
10h top départ, les fauves sont lâchés ! Ca part vite, très vite..je coure donc aux côtés d’Olivier et Pierre durant les 800 premiers mètres sur le plat, effectués à plus de 18km/h !.. Inutile d’aller plus vite, le début de la montée va calmer tout le monde. Tout le monde sauf Olive et Pierrot, qui commencent cette montée sur des chapeaux de roue ! Je parviens à les suivre jusqu’à la moitié de cette première ascension (peu après Monnetier Mornex) ; le plus surprenant est que Pierre arrive à discuter alors que je suis presque déjà dans le rouge..à ce moment-là je me dis qu’il est sans doute trop ambitieux d’essayer de suivre le « duo magique » ; laissons-les partir, après tout la course est encore longue. Effectuer une montée à vive allure est une chose ; le faire pendant 6 heures en est une autre. Il faut donc montrer des qualités de puissance, mais surtout d’endurance et je sais que j’ai la caisse pour tenir, même si je n’irai pas aussi vite que mes deux compagnons, membres du Faucigny Athlétique Club. Je trouve ainsi ma vitesse de croisière en ne pensant uniquement qu’à ma course, ici dans mon « jardin » du Salève. Sur la fin trois autres coureurs me dépassent mais il ne vont guère plus vite que moi. Super, la course s’annonce serrée et courir parmi ces grosses pointures du trail me motive particulièrement. La fin de la première montée arrive beaucoup plus vite que prévu (nous sommes encore dans la brume mais heureusement il ne fait pas froid, j’ai bien fait d’opter pour un débardeur léger et un cuissard) et premier constat : je me sens super bien. Je ne me suis pas mis dans le rouge (contrairement à ce que je prévoyais) et je pense que ça va le faire ; force est de constater que j’ai vraiment une bonne caisse (et surtout une grosse motivation !) il faudra surtout essayer d’éviter de se blesser en tombant car il y a des passages très dangereux. Le benne se remplit doucement ; je retrouve Olive et Pierre qui ont l’air aussi frais qu’avant le départ. Nous attendons Karine Herry puis nous repartons (nous sommes une quinzaine). Moment très sympa que cette première descente : nous profitons pour faire connaissance les uns les autres et c’est alors que Bertrand, dit « Bam » Mayol allait nous faire part de sa bonne humeur légendaire et de son sens inné de la déconne. Quelques éclats de rire plus tard, nous atteignons la gare téléphérique inférieure et repartons pour une deuxième montée, à nouveau à toute allure. Olive et Pierrot se détachent cette fois-ci beaucoup plus tôt et je ne réussis à les suivre que durant le premier quart de la montée. Je sais que je n’ai pas leur niveau alors je grimpe à nouveau à mon rythme, satisfait de pouvoir courir quasiment tout le temps et en relançant régulièrement, y compris aux endroits où d’habitude je marche à l’entraînement (le fait de porter un dossard booste quand même pas mal...). Les mêmes coureurs me dépassent à peu près au même endroit que lors de la première montée. Sauf incident de parcours ou blessure, je me dis alors que le classement final ne sera pas bien différent de celui actuel au bout de seulement 2 montées. Je continue alors tranquillement sans vouloir trop forcer et premier tournant de la course (et mauvaise surprise !) : à peine arrivé en haut et la benne part sous mon nez ! Je pensais qu’ils attendraient le même groupe que lors de la première montée, mais il n’en fut rien. Je viens vraisemblablement de rater le premier coche pour espérer être dans le timing pour faire 8 montées (le règlement impose qu’après 15h15 aucun coureur ne sera autorisé à partir pour une dernière montée). S’en suivent alors 6 minutes d’attente du téléphérique, puis 10 autres longues minutes à attendre que la benne se remplisse et enfin 6 pour redescendre.. Olive et Pierrot doivent être déjà loin ! Qu’importe, je suis quand même dans un bon wagon et les 7 montées sont largement envisageables.
La troisième montée se fera dans un rythme quasi identique à celui des deux premières sauf que cette fois-ci le soleil a décidé de percer (en plus j’ai eu tout le temps pour récupérer !). Bonne nouvelle, il commence maintenant à faire chaud et les jambes répondent toujours aussi bien. Pas de problème particulier (de plus, mon dos me laisse tranquille) si ce n’est que j’ai décidé de courir chaque montée sans camel bak ni gourde, ce choix de la légèreté provenant sans doute l’habitude du ski-alpinisme, et jusqu’ici ça me convient très bien. Je me ravitaille à chaque arrivée puis pendant la redescente en téléphérique. Par contre j’emporte au début de chaque montée un gel énergétique que j’avale durant l’ascension. Pas mal de coureurs (dont Pierre Chauvet) ont décidé d’utiliser des bâtons mais pour ma part je n’en voyais pas l’utilité tant les pentes étaient raides par endroits (il fallait alors s’accrocher aux arbres pour s’aider à grimper!)
Les 4 dernières montées seront un copier-coller des trois premières d’un point de vue sensations, à ma grande surprise je n’éprouve pas de sentiment de lassitude particulier du aux répétitions des montées. J’ai la chance de me trouver avec « Bam » à chaque descente en télécabine donc la rigolade est assurée!